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Politique, culture, économie... Philppe Brunet-Lecomte, journaliste, commente l'actualité.

Textes mis en ligne sur Facebook ou Linkedin.

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Uniforme

Une gaffe de la nouvelle ministre aura suffi pour rallumer la guerre scolaire. Privé contre public. Pas sûr que ce soit le vrai problème de l’Education Nationale.

Un certitude c’est la plus grande entreprise française. Et de loin. A coté, les Total, LVMH et autre Danone ne pèsent pas lourd. Rien que le nombre de salariés : plus d’un million ! Même chose pour ses jeunes «clients», 12 millions qui défilent chaque jour dans ses 60 000 «boutiques». Le fameux mammouth.

Sans compter la filiale universitaire. 3 millions de clients et près de 200 000 salariés.

Tout ça coûte cher, de plus en plus cher. 64 millards d’euros l’année dernière. Alors qu’en 1968, on plafonnait à 20 millards de… francs. Vingt fois plus en un demi siècle. Impressionnant là encore. Mais une seule question s’impose : pour quel résultat ?

Un indicateur, cette gigantesque entreprise produit chaque année 600 000 bacheliers. Trois à quatre fois plus qu’en 68. Pas terrible si on compare l’évolution des moyens. D’autant que les experts sont unanimes, ce diplôme a beaucoup perdu de sa valeur. Alors que la moitié des élèves ne savent pas bien lire lorsqu’ils entrent en 4ème, sans parler des mathématiques. Et on ne parle pas des classements internationaux…

La solution ? Compliqué sans aucun doute. Mais déjà, une évidence s’impose : Vous connaissez une entreprise qui a un million de salariés et 12 millions de clients sans que ses 60 000 boutiques aient la moindre autonomie ? Mêmes programmes, mêmes méthodes, mêmes règles…. Tout ça pour faire face à une grande diversité.

L’urgence n’est pas d’imposer un uniforme, mais au contraire d’encourager un peu de liberté. Pour laisser respirer cette entreprise et qu’elle invente son avenir.

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Artificielle

«Le problème c’est le mot intelligence qui n’a pas le même sens en anglais et en français»

Conférence mardi soir à Lyon d’Etienne Klein, physicien et philosophe des sciences. Au programme : l’intelligence artificielle qui fait peur à tout le monde. Pas à lui. Avec humour, il explique qu’en anglais intelligence signifie «collecte et traitement de données» alors qu’en français c’est l’art du raisonnement, analyse, critique… Toute la différence entre comprendre et savoir.

Rien à voir, souligne ce prof à l’Ecole Normale qui raconte comment il a découvert que ses élèves utilisait le ChatGPT pour réaliser leurs devoirs. «Un jour en corrigeant les copies, je me suis aperçu qu’ils faisaient beaucoup moins de fautes d’orthographe mais que leur pensée était identique et plate. J’ai mis 13 à tout monde !»

Pour lui, «l’IA n’est pas intelligente c’est un abus de langage»

Suit une longue démonstration où il appelle Einstein et Galilée à la rescousse pour démontrer que «les théories en disent plus que les données». En clair, c’est le raisonnement, «l’argumentation» qui prime. Et il regrette, que «les cours de physique ont été remplacés par des cours de codage informatique» avant d’ajouter : «que devient la vie de l’esprit dans un monde de clics ? Est-ce qu’on va mieux penser avec l’IA ou penser comme l’IA qui ne pense pas».

C’est un scientifique qui parle. Pas un poète.

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Tous complices !

Un monstre. C’est peut-être le mot qui résume le mieux Gérard Depardieu. France 2 l’a confirmé jeudi soir avec «Complément d’enquête». Un Obelix sans filtre. Tout est énorme chez lui. Sa corpulence, son nez, son rire, sa boulimie, ses blagues… Capable de lâcher les pires énormités. Du genre, «les femmes adorent faire du cheval car elles ont le clito qui frotte sur la selle». Le reste est du même calibre. Pas des images volées au contraire, il proclame tranquillement ces horreurs face caméra. Tout ça au cours d’un séjour en Corée du Nord où il distribue généreusement des mains au cul !

«Des paroles pas des actes» souligne un des rares acteurs à le défendre, en précisant : «même moi il me met des mains au cul».

Alors violeur vraiment, Depardieu ?

Exemple, Charlotte, apprentie comédienne à l’époque. Principale accusatrice, elle assure avoir été violée par Depardieu. Mais elle est revenue le lendemain. Et elle porte plainte après que la star lui ait refusé un rôle. En plus des caméras de surveillance témoignent qu’elle ne semblait ni contrainte, ni forcée. Plainte classée sans suite. Mais elle a re-porté plainte et s’insurge. Etrange témoignage, en tout cas.

En 90 minutes, le procès est tellement impitoyable qu’on a envie de rappeler un détail : Gérard Depardieu est présumé innocent, tant qu’il n’est pas jugé et condamné. Envie aussi de souligner une autre évidence passée sous silence dans cette enquête : tout est énorme chez Depardieu y compris et surtout son talent. Des Valseuses à Cyrano. 200 films, 200 millions d’entrées ! Enorme là encore. Et quand on est hors norme, difficile de rester normal !

Cela ne lui donne pas tous les droits, mais on se demande  pourquoi cette chorale habillée de morale veut à tout prix décapiter ce petit voyou devenu une star, ce prolo de Châteauroux qui s’est imposé au pays des bobos… D’autant que ça fait un demi-siècle que le monstre se balade en liberté. Et tout le monde a supporté ça en silence. Hommes mais aussi femmes. Acteurs, actrices, réalisateurs, réalisatrices, producteurs, productrices, journalistes… Pour décocher un rôle, un interview ou un financement. Tous complices ! Sans doute les mêmes qui hurlent aujourd’hui.

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Pas facile de mourir

Difficile de conclure. Gérard Collomb en est mort dans la nuit de samedi à dimanche. Victime d’un cancer de l’estomac, certes, mais aussi d’un final totalement raté.

On ne va pas rappeler ici son parcours. mais simplement le résumer en soulignant qu’il a réussi alors que ce n’était jamais évident. Quatre étapes surprenantes :

Fils d’un ouvrier et d’une femme de ménage, il a réussi à devenir prof après avoir décroché une agrégation de lettres.

Militant socialiste, tendance Rocard, il va s’obstiner et grimper tous les échelons, jusqu’à devenir député, malgré Mitterrand qui le méprise et le bloque.

Candidat à la mairie de Lyon, il va réussir à se faire élire dans cette ville de centre droit. Trois mandats, une vingtaine d’années.

Ascension couronnée, dernière étape, par sa nomination au ministère de l’intérieur après avoir été un des premiers barons de province à parier sur Emmanuel Macron.

Tout sauf brillant, mais des qualités indéniables. Une volonté, du bon sens, bosseur, un esprit ouvert et modéré…

Mais un an ministre, ça lui suffira pour péter les plombs. Banal quand on franchit un certain seuil. Alors qu’il aurait pu conclure sa carrière en beauté sous les dorures de la République, il va démissionner de son ministère pour tenter un quatrième mandat aux dernières municipales.

Gérard Collomb va se planter magistralement. Et tout Lyon qui aujourd’hui lui rend hommage, va le traiter plus bas que terre.

Ne pas savoir s’arrêter et s’effacer, c’est le redoutable virus qui frappe tous ceux qui exercent un pouvoir, quel qu’il soit. Pas facile car c’est au fond accepter qu’on est mortel. Et facile de refuser cette évidence. Ce qui n’empêche pas de mourir.

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Un serpent

Inquiétante, très inquiétante cette vidéo de Tarik Ramadan sur Youtube depuis quelques jours. Mais il faut reconnaître que ce prêcheur islamiste est habile, très habile. Se présentant comme «islamologue», barbe soigneusement taillée, élégant, voix douce, souriant…. Il parle en choisissant ses mots sur un ton mesuré. Avec en toile de fond, une bibliothèque qui en impose.

Mais pendant 1h30 il va enfiler les mensonges. Exemple quand il suggère que les terroristes qui ont commis le massacre du 7 octobre n’avaient pas reçu cet ordre de la direction Hamas ! Enorme quand on sait qu’on a retrouvé sur des documents sur ces sauvages avec un ordre clair : tuer le maximum de civils israéliens.

Tout aussi incroyable quand il affirme que pendant la dernière guerre, les résistants français se sont eux aussi attaqués à des civils ! En faisant croire que Mandela justifiait la violence face aux injustices. Avec en prime un vibrant hommage à un grand humaniste, Kadhafi !

Pas un mot bien sûr sur les otages sauf pour affirmer que les palestiniens jugés et détenus en Israël sont des «otages». En affirmant qu’Israël était «au courant» et a «laissé faire» pour se poser en «victime».

Bref on en déduit logiquement que les israéliens sont des terroristes. Alors que les palestiniens sont des résistants.

Dans la foulée, il dénonce le lobby juif qui «tient à la gorge» les Etats Unis et l’Europe. Pour conclure à «une grande manipulation médiatique» qui passe sous silence ces «vérités».

Puis tout à coup, regard de velours, Ramadan prend un air grave pour déplorer «les victimes civils» du Hamas, notamment les enfants. Mais il n’osera quand même pas déplorer les viols de femmes, lui qui a été mis en examen pour une série de viols et passé près d’un an en prison, avant son jugement prochain. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir le culot de continuer à minauder des sermons islamistes. Du genre : la France n’est pas un pays de culture judéo chrétienne mais «majoritairement» de culture judéo chrétienne en sous-entendant que cette majorité est en train de basculer ! D’un air menaçant mais toujours en douceur.

Un vrai artiste qui manie avec talent cette fameuse «takia», l’art de la dissimulation encouragé par certains imams. Tout en prudence et nuances mais un véritable réquisitoire contre les juifs et les occidentaux, emballé dans une soi-disante «analyse». Tout ça pour conclure par un appel à «la mobilisation» des musulmans. On imagine l’impact sur les jeunes banlieues. Beaucoup plus dangereux que les imbéciles qui profèrent des inepties sur les réseaux sociaux.

Un serpent !

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Le paradoxe du Loto

Vu le dernier Cash Investigation sur France 2 ciblant «les ultra riches».

Le plus frappant ? Ce ton très agressif de la présentatrice aggravée par la faiblesse de sa démonstration malgré une avalanche de chiffres pour dénoncer l’existence même des «122 milliardaires français».

Pas question de défendre ici certains abus. Notamment les rémunérations ridicules de certains patrons du CAC 40, pas souvent des entrepreneurs et rarement sanctionnés quand ils se plantent.

Mais comment ne pas souligner quelques évidences passées sous silence par Cash. Ces grandes fortunes couronnent avant tout des réussites professionnelles. Fortunes d’ailleurs virtuelles à la merci d’un cours de bourse. En plus, ces fameux riches paient des millards d’impôts, 5 par an uniquement pour LVMH de Bernard Arnaud. 10% de l’impôt sur le revenu ! Et ils créent de la valeur, des emplois, sans parler des innovations, des exportations, des fondations humanitaires ou artistiques… A noter au passage, un grand silence sur certains ultras : les stars du ballon ou de la chansonnette.

Deux exemples assez révélateurs dans ce réquisitoire :

«Le pacte Dutreil», d’abord, qui permet de transmettre son entreprise à ses enfants grâce des allègements fiscaux, dénoncés par cette «enquête» sans même souligner que cela évite à ces entreprises d’être rachetées par des groupes étrangers, faute pouvoir payer les droits de succession. Ça coûte cher, insiste la journaliste. 500 millions. Et l’abattement fiscal-social des journalistes ? 200 millions. Injustice aussi ?

Le plus drôle ce sont ces 35 minutes consacrées aux fameux yachts, un luxe révoltant, images à l’appui. En plus, s’étrangle une voix off, ils peuvent faire le plein hors taxe à l’étranger !

Bref difficile de ne pas avoir la haine contre les ultras après avoir avalé ce Cash. Certes, il y a des riches voyous, comme il y a des journalistes voyous. Mais pourquoi généraliser en entonnant ce petit refrain populiste «mort aux riches» comme certains défilent en hurlant «mort aux flics» ou «mort aux juifs».

De quoi décourager les entrepreneurs, ce réflexe anti-riches ? Pas vraiment, ils sont aujourd’hui plus de 3 millions en France. Avec de nombreuses start-up dont les créateurs risquent de rejoindre le club des 122 mais qui adorent prendre des risques… D’autant qu’ils ne regardent plus la télé !

Et les autres ? «Tout le monde est choqué» répète la présentatrice en suggérant «un risque de soulèvement» contre ces «privilégiés». Et pourtant, paradoxe, des millards sont joués au Loto. 60 depuis sa création par des millions de français qui rêvent de devenir un de ces ultra riches qu’ils détestent !

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Moment rare

Débat ce lundi après-midi à l’Assemblée Nationale sur la situation au Proche Orient. Avec une intervention remarquable. Jean-Louis Boulanges, député Modem et président de la commission des affaires étrangères.

De la hauteur, tout en fermeté et nuances.

Il s’est tout d’abord déclaré «horrifié» par «la violence barbare» du 7 octobre en ajoutant inflexible : «aucune cause politique, même celle du peuple palestinien, ne peut justifier le recours au terrorisme». Et il a insisté : «Israël a droit à la légitime défense. Et en même temps, nous sommes tous sensible à la détresse de Gaza»

Puis il a dénoncé avec mesure la stratégie du premier ministre israélien Netanyahou notamment sa tactique de «soutien» au Hamas qui a «contribué» à ce drame. D’autant plus qu’une «population sans avenir et sans espoir» ne peut pas être attirée par la «modération». Alors que «la solution à deux Etats» est la seule pour «une paix durable».

Mais il aussitôt rappelé que la France est "totalement solidaire" d’Israël et de son "droit à la sécurité».

Au lieu de jeter de l’huile sur le feu, ce vieux militant centriste a préféré jouer la carte du consensus. En concluant visiblement ému : «L’essentiel de cette assemblée est d’accord sur l’essentiel. Beaucoup plus que nous ne le croyons ».

Très applaudi de droite à gauche, parfois debout, y compris par certains Insoumis. Un moment rare, vu l’empoignade permanente à l’assemblée. Mais évidemment pas de faire quoi le buzz alors que ça le mériterait largement.

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«J’ai attrapé la guerre dans ma tête»

Lu «Guerre» de Ferdinand Céline, dont le manuscrit vient d’être découvert 88 ans après avoir été écrit. Feuillets griffonnés, écriture de médecin, parfois difficile à décrypter, que Gallimard vient d’éditer. Premier jet, non relu, ni corrigé par l’auteur du «Voyage au bout de la nuit».

130 pages stupéfiantes où il raconte sa guerre de 14. Blessé au bras et à la tête au cours d’une escarmouche sur le front. «Toute l’oreille gauche était collé par terre, avec du sang, la bouche aussi. Entre les deux y avait un bruit immense. J’ai dormi dans ce bruit et puis il a plu de pluie bien serrée…»

Hospitalisé, décoré… Mais toujours «l’horreur du boucan qui défonçait la tête».

Un style évidemment. Brut, c’est ce qui est interessant car on se glisse dans «l’atelier» de cet écrivain qui s’affranchit des règles. En tabassant les convenances grammaticales : pas de négation, ni d’inversion interrogative, auxiliaires piétinés… On connait la musique célinienne. Mots magiques, mélange de parlé et d’argot. Un rythme aussi.

Une écriture très contemporaine qui a influencé des générations de «scribouillards».

Céline raconte cette «grande» guerre vue d’en bas. Celle du brigadier chef Ferdinand. Vécue. Beaucoup de sexe, de sang, d’alcool…. Toujours à la frontière du rire et des larmes qui se marient dans un cynisme grinçant. Quelques personnages suffisent pour planter le décor de cette convalescence sous les bombardements : son voisin de lit, Cascade le souteneur et sa belle Angèle qui tapine à l’ombre de l’hôpital, son infirmière maléfique Mlle Lespinasse, le pitoyable Dr Meconille, ses parents minables qui se précipitent à son chevet en pleurnichant… Tous de pauvres «cons» que l’auteur accable de son ironie cinglante.

On entre difficilement dans ce vrai faux roman. Le temps de s’acclimater aux provocations stylistiques. Mais c’est une expérience qui permet de sentir le démon qui rode autour de ce génie pris en otage par son talent. Vertige qui lui impose d’aller toujours plus loin jusqu’au délire. En s’affranchissant du sens.

Une phrase, perchée dès les premières pages, le souligne : «J’ai attrapé la guerre dans ma tête». Tout est dit. En annonçant les horreurs dont Céline va tartiner son oeuvre.

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Majorité

Une écrasante majorité des Français est contre. Contre un report de l’âge de la retraite. Logique. Qui peut bien vouloir travailler plus longtemps ? Personne à part quelques illuminés. Tous les sondages le confirment.

D’ailleurs la liste est longue des questions qui provoquent des réponses logiques.

Qui veut payer plus d’impôts ? Qui veut plus d’immigré clandestins ? Qui veut plus d’inflation ? Qui veut plus de délinquants ?

Qui veut moins de médecins, moins de policiers, moins de profs ? Moins d’arbres, moins de vacances ? Personne.

Qui est contre la faim dans le monde ? Contre la maladie ? Contre la guerre ? Contre la mort ? Tout le monde.

Bon on arrête. La seule question que pose ce genre de question est simple : logique d’être pour ou contre un certain nombre d’évidences mais à quel prix ?

Contre la guerre, y compris en collaborant avec le pire des dictateurs ?

Contre les impôts, y compris en exigeant de plus en plus de services publics ?

Contre l’immigration y compris en refusant de faire les boulots qu’ils assurent ?

Contre travailler deux ans de plus y compris si l’espérance de vie a doublé en un siècle. Alors que le nombre d’actifs pour financer un retraité a été divisé par deux en 50 ans.

Quand les sondages posent des questions simplistes, ils obtiennent logiquement des réponses du même calibre.

Reste à savoir si cette logique simpliste doit servir de base pour construire un avenir qui s’annonce complexe.

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Autre siècle

Lu un petit livre, «La côte sauvage», qui vient d’être réédité. Seul et unique roman d’un jeune prodige : Jean-René Huguenin. Né en 1936 et mort à 26 ans dans un accident de voiture deux ans après avoir remporté un immense succès.

On pense évidemment à Radiguet et son «Diable au corps».

«Un véritable écrivain»  proclamait Mauriac. Effectivement. Roman aussi bref que sa vie. 172 pages pour une histoire simple de vacances en Bretagne mettant scène un triangle amoureux, Anne et Olivier frère et soeur fusionnels qui se disputent l’ami Pierre.

Une écriture soignée. Longues phrases, bien construites, rythmées par des dialogues vifs et des retours à la ligne sans majuscule. Mais aussi de belles formules comme ce «Elle ne te regarde pas, elle te rêve» ou encore « Sois tranquille, tu ne brilleras jamais, pour moi, que du coté où je t’éclaire».

Avec rien, un suspens subtil. Ombre et lumière. Tout est suggéré, en finesse. Autre siècle !

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OPA

«Russie, combien de chiffre d’affaires ?» aurait sans doute lancé Kissinger, le champion de la «réalpolitique», si le président des Etats Unis lui avait confié le «dossier» ukrainien.

Rares sont en effet les commentateurs de cette crise qui abordent le problème sous l’angle économique. En préférant disserter sur l’histoire, la géographie… voire la psychiatrique.

Un angle pourtant pertinent car il repose sur des chiffres incontestables. Avec une donnée de base : la Russie est une petite «entreprise». Sa production annuelle de richesses (PIB), environ 1 500 millards d’euros, est équivalent à celle de l’Espagne pour une population trois fois plus importante et un territoire 33 fois plus étendu.

Certes cette PME a des «stocks» importants de gaz, pétrole et minerais. Ce qui lui permet de dégager un «résultat» commercial flatteur quand les cours sont au plus haut. Mais elle est lestée par des «frais fixes» très importants, «investissements» militaires surtout, quatre fois plus que l’Espagne.

D’où l’extrême fragilité de cette «boite» dont le «chiffre d’affaires» par tête lui permet de figurer péniblement à la 65ème place du palmarès mondial derrière le Costa Rica ou la Croatie !

Bref son «pdg» a compris qu’il doit se dégager de cette impasse financière. D’autant que cet ambitieux «manager» rêve de figurer dans le peloton de tête du «CAC 40» comme son collègue chinois. Impossible sans un «bilan» solide pour financer ses «frais fixes» qui explosent.

D’où la stratégie de «croissance externe», très offensive qu’il a adopté. Avec le «rachat» de start-up indépendantes pour quelques kopeck au cours des dernières années : Crimée, Tchétchénie, Kazakhstan… Sans compter de vieux établissements en difficulté : Syrie, Libye, Centre Afrique…

Son modèle : un «groupe» qui pesait lourd au moment de son dépôt de bilan il y a 30 ans : l’Union soviétique et ses 15 «filiales» bien encadrées.

Ses concurrents enragent et le menacent de boycott commercial. Mais, pour le pdg Poutine, cela confirme son sens des affaires. Il a même décidé d’accélérer cette «dynamique vertueuse» en lançant une nouvelle «OPA» : Ukraine, 150 milliards de chiffre d’affaires. L’occasion d’augmenter le sien de 10%. avec une agriculture prospère et un réservoir de matières premières. Sans ce que ça lui coûte trop cher, quelques missiles.

S’il rate son « OPA», cet entrepreneur inflexible risque de se faire éjecter par son conseil d’administration, composé d’impitoyables oligarques. Mais en cas de réussite, il aura dans son viseur d’autres cibles prometteuses.

Reste un problème : la gestion de cette PME en plein développement. Car ce patron formé au management à l’ancienne qui a dépassé l’âge de la retraite, semble négliger les «ressources humaines». Ce qui le rend vulnérable dans un monde de plus en plus concurrentiel où certains utopistes veulent imposer un étrange système baptisé démocratie.

De quoi réfléchir aussi, au coeur de cette guerre économique, sur les stratégies de croissance !

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